"J'ai toujours affirmé depuis ma condamnation définitive qu'il n'était pas question pour moi de m'agenouiller devant le président Chirac. Néanmoins, si ma libération anticipée devait arriver, je ne m'y opposerai pas", précise José Bové, qui est incarcéré à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, près de Montpellier, depuis le 22 juin. Condamné à dix mois de prison ferme pour des destructions de plants d'OGM, le porte-parole de la Confédération paysanne répondait à des questions écrites du Monde transmises par l'intermédiaire d'un élu autorisé à lui rendre visite. "J'ai l'impression d'un décalage complet entre le discours" du président de la République qui "veut apparaître sur la scène internationale comme l'homme qui défend l'avenir de la planète face aux multinationales et aux puissants, et la réalité de la politique du gouvernement Raffarin", écrit José Bové. Il cite le projet de réforme de la politique agricole commune "qui n'est que l'alignement de l'Europe sur l'OMC" (Organisation mondiale du commerce) ou la levée du moratoire européen sur les OGM "prônée" par le gouvernement français. "Depuis près de 6 ans, un mouvement social s'est développé pour dénoncer la logique de la globalisation économique", rappelle le syndicaliste, pour qui "ce combat doit encore se renforcer avec le sommet de l'OMC à Cancun au Mexique", du 10 au 14 septembre. Le rassemblement des altermondialistes au Larzac, du 8 au 10 août, "sera le point de départ des mobilisations contre l'OMC mais aussi contre les funestes projets sur la Sécurité sociale", affirme-t-il. Evoquant "une volonté de criminalisation du mouvement social", José Bové conclut que "si tout est fait pour que l'expression soit muselée, il ne reste plus à ceux qui refusent l'inacceptable que de dire +non+ et de sortir du cadre de la loi". "La désobéissance civile est un moyen, pas une fin en soi. C'est la seule force des faibles quand tous les autres moyens ont été épuisés", note-t-il. |